dimanche 13 mars 2011

Les sourires meurent écrit le 30 avril 2007


Si je n’ai aujourd’hui que 19 ans je peux vous assurer que la trempe de mon âme elle, en a 80 ans. Vous me prendriez pour une folle comme tout ceux que j’ai croisée mais laissez moi vous raconter mon histoire aussi sordide et pernicieuse qu’elle soit.

Ce matin de novembre 2002 le ciel crachait ces derniers flocons de neiges et le gel pareil à une armée de sangsue, étouffait les dernières fleurs qui osaient montrer le bout de leur nez.
Les derniers mastards se promenaient dans les méandres du froid, qui dés le coin de la rue les faisaient disparaître tels des mirages.

Moi, agenouillée, le visage tassé contre le rebord de la vitre, je contemple ce paysage quasi idyllique qui me rappelle les heureux Noël de famille que je n’ai vécue qu’à travers les sitcoms américaines de propagande. Je n’ai pas envie de vous conter mon enfance si anodine. Je préfère vous relater la période la plus enrichissante de ma vie. Celle ou je n’avais que 17 ans.

Cette phase où j’écoutais en boucle la musique de film Furyo, où je me plongeais dans les livres en caressant chaque mot, en admirant chaque figure de style comme un enfant contemplerait une vitrine remplie de jouets insolites. L’histoire était pour moi un moyen de m’évader, de m’imaginer une vie faite de mimétisme. J’étais secrètement amoureuse de Laclos, et je rêvais en silence qu’on m’écrive des lettres si brûlantes de passions que mes mains se seraient effritées à vouloir posséder ce bout de papier, empreinte d’un amour indélébile. Je n’étais pas réellement comme toutes les filles de mon âge, les garçons ne m’intéressaient guère. Ils étaient pour moi des tristes jouets du sort qui empêcherais mon ascension fulgurante vers la connaissance et la réussite.
Physiquement j’avais héritée de l’engourdissement des traits de mon père. Mon visage était pareil à celui d’un pangolin, des dizaines de petites fosses se creusaient autour de mes lèvres de mon nez et de mes yeux blafards. Cela me donnait du charme d’après ma mère moi je trouvais que cette déformation physique me rendait encore plus ingrate que je ne l’étais. Mon corps n’était pas athlétique, il était sans intérêt pour un adolescent prépubère de mon âge. Malgré tous ces qualificatifs péjoratifs, l’audience me trouvait belle surtout parce que j’étais vive et passionnée. Soit les gens me haïssaient soit ils m’idolâtraient donc pour résumer le tout, la réaction de la part de la horde à mon égard était querelleuse. Un seul être m’aima au point d’oublier tout ce qui nous entourait, C’est de lui dont je veux parler aujourd’hui, c’est de lui dont je veux me remémorer.






Chapitre 1 :

La rosée du matin flottait dans l’air et embaumait les fleurs afin de les rendre brillantes. Les bourgeons éclosaient laissant place aux pétales chamarrés des fleurs de saisons. Le ciel pareil à un voile céleste nuançait son bleu afin de le rendre encore plus poétique. Dans l’atmosphère flottait les expiations des pécheurs, ce n’était pas un hasard vu que le printemps était revenu, les âmes ainsi que les langues s’étaient déliées. Le climat se faisait faribole et les corps se désiraient mutuellement sans le savoir. C’est de cette façon inaccoutumé que j’ai décidée de vous annoncer mon premier jour d’école supérieure.  

On me désigne une place autour de moi les élèves rigolent, s’émoustillent. Les discussions vont bon train mais moi je reste la silencieuse impassible les autres me prennent pour une faraude. Je les regarde attentivement, ma tête tourne si vite que j’ai l’impression d’être dans une machine à laver. Puis le professeur se faufile dans l’entrebâillement de la porte.
-Bonjour les élèves je m appelle Monsieur Mercantier.
A peine avait-il prononcé ses mots que la classe se tut et l’attention fut à son comble. Il émanait de lui un charisme. Ses lèvres fines et pincées ainsi que ses cheveux blancs le vieillissaient furieusement. Il paraissait avoir 60 ans tout au plus. Il nous donna le plan de l’année et nous sermonna. Oui indubitablement, les études supérieures n’étaient pas pour les désœuvrés. Nous le savions tous et nous obtempérâmes, la cloche avait déjà sonnée et les énergumènes de ma classe ne voulaient pour rien au monde manquer un seul centième de seconde de notre exécrable pause.

Le professeur rangea méticuleusement ces affaires ferma sa serviette et partit en me prenant de stupéfaction :
-Ce n’est pas le moment de dormir mademoiselle.
-Pardon monsieur.
 Rétorquais-je
Je décampe de cette salle si morose. Je jeta une dernière fois un regard dans cette pièce en soupirant. A partir de demain, se sera ma mansarde de torture.

La journée passa si lentement que j’eu le temps de compter le nombre de moucherons qui s’écrasèrent contre la fenêtre da ma nouvelle classe. Mes pensées se perdirent dans les abîmes fantasmagoriques de mon cerveau. Je m’imaginais exhumer un trésor, ayant appartenu à Lucrèce Borgia. Dans cette malle, son carnet intime se trouvait. Moi qui admirais les martyres de notre histoire, Lucrèce elle, me donnais entière satisfaction, dans ce calepin se trouvaient tous les détails de sa vie de ses incestes, et les ressentiments
qu’elle avait éprouvée après les assassinats de ses maris. Un tintement m’arracha de mes onirismes.



La leçon était terminée et mon esprit était vacant. Je rentrai chez moi, m’allongea sur mon lit, alluma mon gramophone et mit en sourdine sly and the family stone. Les noirs m’ont toujours passionnées, leurs notions de la musique leur façons de la ressentir de la rendre si ardentes, si chaleureuse. Je me rappelai la journée écoulée et je me rendis vite compte que cette année allait passait furtivement. Je m’étala sur mon lit et fermis les paupières. La nuit fut glacée et les étoiles agitées, on pouvait voir dans la stratosphère se croquer des filaments argentés. Cette nuit était tout simplement surnaturel.

J ai omis de vous parler de ma famille, aussi insipide qu’elle soit. Oui parce que ces indigènes là, font remonter en moi des souvenirs meurtris. Ma mère ma toujours considérée comme une aliénée, une personne qui ne pouvait guère pénétrer dans ses pensées et lui les servir sur un plateau d’argent. Oui, car ma mère était une passionnée d’astrologie et de toutes ces fadaises surnaturelles. Elle fantasmait sur une relation mère-fille, quasiment fusionnelle. Moi, la seule idée de cette dépendance me faisait peur, je n’appartenais à personne et je n’appartiendrais jamais à un individu, quelqu’ il soit. Mon père lui, était l’archétype même du quadra chef d’entreprise qui jouissait de son statut et de sa vie aussi rébarbative qu’elle puisse être. Il me tançait en m’expliquant avec la pédagogie d’un despote, que si je ne suivais pas son chemin je finirais par me perdre sur la voie de la décrépitude. Mon très chère père est un être prévisible, tous ces gestes et ses mimiques étaient programmées.

 Ses sentiments étaient saturés d’étourdissements. Jamais au grand jamais sa bouche ne s’était délicatement posée sur mon front pour m’embrasser et me dire qu’il était fier de moi. Moi, qui n’avait pas cédée à la tentation d’être une pédante. Son regard, fixe sur moi me mettait dans un malaise inexplicable, j’étais sur le point de m’évanouir. Fille unique, ce statut peut faire rêvasser, moi il me dégoûte. Peut être que si j’avais grandis en Chine, j’aurais été une petite élitiste gâtée au point d’imploser. Mais mon cas est différent il est, comment dire …PERDU.

Je descends au salon, une douce odeur ambrée me caresse les narines et laisse échapper de mon gosier un éternuement. Mes yeux sont embués, et l’image de monsieur Mercantier me revient, je souris bêtement. Un souffle me frôle la nuque, je sursaute.
-Alors, princesse tu étais perdue dans tes fantasmes, on se réveille. L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt.
Mon père partit en titubant, il riait si fort que je cru le voir agoniser.

Le repas s’éternisa au point même que j’avais l’impression d’être un saint assis autour de sa table, pour déguster son dernier repas.
Sauf que le Christ dans mon cas est l’image métaphorique de mon père les bras ballant et le bassin remonté. Je demandais la permission de m évanouir dans la nature hostile qui nous entourait et la réponse m enjoua. Ouiiiiiiiiiiiiiiiiii.

Le lendemain matin, je me sentis un peu remuée. Comme toute les fille de mon âge j’attendais passionnément qu’un événement qu’elle qu’il soit survienne dans mon amère et dérisoire vie.

J’arriva en classe ponctuellement, la salle respirait la moisissure et les élèves étaient coi comme jamais. Nous allions commencer une rédaction afin de s’exprimer aussi librement que l’air. Le temps s arrêta autour de moi, l’inspiration montait en moi et ne se rassasiait jamais. Les mots m’éraflaient, m’enveloppaient de leurs chaleurs. Les idées les plus saugrenues montèrent à la surface, mes oripeaux de la veille tournoyaient dans mon esprit. Les mots m’étouffèrent et finirent par faire surface et allèrent directement se déglutiner sur la feuille blanche. Mon inconscient tout retourné alla dénicher les pires anecdotes possibles. Je venais d écrire la nouvelle la plus morose et malsaine de tous les temps.

Le lendemain le prof me demanda une entrevue. Nous discutâmes et il me rétorqua tout émoustillé que je l’avais touchée jusqu au plus profond de son âme.
Son expression s’était figée, il prit un air déconcertant et me dit :
-Vous ne devez pas perdre en vous cette flamme qui vous habite, vous devez continuer à écrire. Je vous propose que ce soir vous passiez chez moi je vous coacherais et vous aiderez à mettre un petit quelque chose de plus dans vos écrits.

Le soir venu nous parlâmes d’histoire de philosophie, de passion et je ne me suis jamais aussi bien sentie qu’avec cet homme qui faisait 4 fois mon âge.  Nous nous quittâmes avec une pointe d amertume…

Je supputai toute la nuit notre soirée, et son visage m’envahit et se déplaçait dans mes états d’âmes. Je mangeais monsieur Mercantier je buvais Mercantier et je fantasmait Mercantier. Tout un programme qui me rendait totalement accro et végétative.

Chaque jour à l’école me réconfortait dans mes pensées, le français est la langue de toutes les audaces et de la perdition. Vous ne lirez jamais un Baudelaire sans vous rendre compte que des sagacités sont glissées entre les lignes. Malgré mon jeune âge, j’étais déjà apte à ingérer un vocabulaire robuste et la culture devint la seule façon ragoûtante de me nourrir sans dégorger. Notre société nous pousse à consommer mais en aucun cas à nous élever, cet apprentissage là je le fis seule. L’année passa aussi vite qu’un TVG, chaque soirée avec mon professeur de philosophie nous avait permis d’attendre une certaine osmose philosophique. Nous vivions dans un monde onirique construit livre après livre de notre propre chef.

Je ne le désirais pas plus que ça, je l’admirais et je compris à ce moment même que j’avais besoin d’admirer un homme et non de le désirer. Avec le temps l’admiration grandit mais le désir faiblit, notre corps n’oublie pas de nous le rappeler. Avec cet homme je ne jouais pas je me contentai de me laisser aller et de l’aimer secrètement et passionnément.

Les vacances arrivèrent à grand pas elle enjambèrent le mois de juin et s’écrasèrent sur celui de juillet. J’avais résolu.de ne pas partir je me devais de préparer psychologiquement mon entrée en troisième année.

Mes amies elles, se réjouissaient de cette période de l’année qui leur permettaient de butiner les mets sucrés que pouvaient leur offrir les garçons en mal d’amour. Je ne pouvais pas réellement comprendre mais j’essayais au moins de ne pas me moquer ouvertement de leurs entreprises néo-sentimental. 

La 1ière soirée de mes vacances si méritées. Je m’étendis dans le gazon fraîchement tondu, et contempla les astres. Une araignée grimpa sur mon corps dru et me caressa avec ses pattes velues. Cette douceur frémissait en mot tel des doigts agiles se baladant le long de mon anatomie.

 Je fermis les paupière et je m’imaginait dans un café. Un tailleur vert d’eau m’habillait, un caraco de soie laissait deviner des tétons pareils à des cerises bien mures. Mes lèvres charnues se plissait légèrement afin d’accueillir une larme salée qui s’y hasardait. Le temps s’était suspendu et mon mascara noir intense coulait sur mes joues fardées. Un homme me dévisagea à travers la vitrine du café, il me fit signe et s’en alla tel un mirage. Un homme qui avait la trentaine s’approcha de moi et posa délicatement sur la table devant moi Laclos. Je pus lire en toute lettre les liaisons dangereuses.
-Vous comprendrez en lisant cela. Rétorqua-t-il avant de s’enfuir.

Des doigts se posèrent sur ma nuque je me retourna violement.
M.Mercantier était devant moi le regard pénétrant.
-Je ne peux pas continuer ainsi !
Je souffre tellement de ne pas pouvoir t’aimer de tout mon être, j’ai donc décidé de partir et qu’on me déchoisse de mes fonctions. Il faut que tu comprennes, tout ça me dérange ……………………………..

Une aiguille s’enfonça dans ma nuque. Je compris qu’elle sonna le glas du réveil aussi douloureux qu’il puisse être.

Chapitre 2 :

La nouvelle m’étouffa, mon corps se crispa et des montées de chaleurs survinrent dans mon être.
-Chéri appel une ambulance !
-Ce n’est rien t’inquiète pas.
Mon père me donna deux tapes sur les joues et mes yeux se rouvrirent difficilement.
J’allai m’enfermer dans ma chambre.

Ma mère venait de m’annoncer une chose innommable. J’ALLAIS DEMENAGER.
Je rassemblai mes esprits et mon cœur frappa si fort contre mes parois que je cru qu’il allait transpercer ma chair. Comment pouvais je laisser M.Mercantier, et tout recommencer ailleurs. Je comprenais enfin ce que ressentaient les gens qui rompaient. Ce qui fait le plus mal ce n’est pas la rupture mais c’est de savoir qu’on va devoir tout reconstruire et de nouveau laisser l’autre nous percer à jour. Je n’ai plus envie de me dévoiler comme je l’ai fait, cette partie de moi lui appartient.

Mon esprit tout entier était confus, il s’embuait et ne me laissait pas percevoir la moindre lueur d’espoir. Allais je lui annoncer la nouvelle ou le laisser s’imaginer ce que bon lui semblait ? M’éloigner de cet homme qui m’avait tant apportée. Je sortis de ma chambre en hurlant et alla me réfugier dans la cabane en épicéa du jardin…

A suivre




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